2023 - Aidez-nous à enrichir notre programme de travail
Vous pouvez participer au choix des sujets d’enquêtes.
Changements sur "Fonctionnement de la Direction des Applications militaires (CEA) : le Laser Mégajoule"
Titre
- +{"fr"=>"Fonctionnement de la Direction des Applications militaires (CEA) : le Laser Mégajoule"}
Corps du texte
-
+["
La France vient d’augmenter fortement le budget de la force de frappe, en vue de la moderniser. Depuis une vingtaine d’années, alors que les menaces ont clairement changé de nature, la France poursuit la modernisation à marche forcée de son arsenal nucléaire. En particulier, le programme « Simulation » du CEA vise à pallier l’absence de tirs nucléaires. Ce programme, défini au début des années 90, a trois composantes, des ordinateurs parallèles, une machine de radiographie et un grand équipement scientifique, le Laser MégaJoule. En termes financiers, l’élément central est évidemment le LMJ. Le CEA donne le chiffre de 7 M€ sur 20 ans, difficilement vérifiable. L'idée du LMJ, est de disposer d'une énergie suffisante pour atteindre la fusion thermonucléaire en laboratoire. Le projet a été officialisé en 1996. Le programme initial portait sur une machine de 240 faisceaux pour une énergie de 1,8 MégaJoule. Un bâtiment spécifique de 300 mètres a effectivement été construit pour 240 faisceaux. Une collaboration a été mise en place au début du projet avec les scientifiques du Laurence Livermore National Laboratory (Californie, USA), où le même objectif est poursuivi, à travers la construction d’une machine semblable, le NIF. Pourtant, dès cette époque, on pouvait être sceptique sur la faisabilité d’une telle machine à l’échelle purement française et sur la capacité de la Direction des Applications Militaires du CEA à mener à bien un tel projet scientifique. La culture interne du CEA/DAM est en effet plus proche de l’ingéniérie que de la recherche scientifique. En 2009, un physicien, vice-président du conseil régional d’Aquitaine, pointait que le LMJ représentait l’instrument scientifique le plus coûteux jamais construit en Europe par un seul pays et appelait à une collaboration avec la communauté scientifique civile pour impliquer l’Europe.
Aujourd’hui, en 2023, 27 ans plus tard, il serait temps de faire le bilan. Il n’y a aujourd’hui que 50 faisceaux disponibles, c’est-à-dire 21 % (en théorie) de l’énergie prévue initialement. Dans le même temps, le NIF a atteint 2,15 MégaJoule avec 192 faisceaux, c’est-à-dire 115 % des spécifications initiales et a fêté en 2019 le 2000ème tir.
Cela n’empêche pas le CEA, dans le document consacré aux 20 ans du Programme Simulation, d’affirmer que « Le laser MégaJoule (LMJ) est en service depuis 2014. … Le défi du passage à la simulation a été relevé avec succès. Il s’est concrétisé par le renouvellement des têtes nucléaires des deux composantes. » Un peu plus loin, on trouve : « Le programme Simulation, tel que lancé en 1996, a été parfaitement réalisé en termes de délais, performances et coûts. … Il a permis la conception et la garantie des têtes nucléaires de renouvellement des composantes aéroportée TNA et océanique TNO. » Le point important est que la conception et la garantie des TNA et TNO ont été réalisées sans le LMJ car celui-ci est entré en service en 2014, à 4,5 % des spécifications initiales. Cela est évidemment en contradiction avec le discours officiel selon lequel le LMJ est indispensable à la mise au point de nouvelles têtes nucléaires.
Par ailleurs, nos gouvernements, depuis bientôt deux décennies font du déficit budgétaire et de la dette publique un point central du débat public. On comprend difficilement dans ces conditions que l’on laisse le CEA/DAM mener sa propre politique.
"]