2025 - Aidez-nous à enrichir notre programme de travail
Vous pouvez participer au choix des sujets d’enquêtes.
Changements sur "Pourquoi tant de rond-points ?"
Titre
- +{"fr"=>"Pourquoi tant de rond-points ?"}
Corps du texte
-
+["
- Corps de la contribution
- La France détient aujourd’hui le record européen, et sans doute mondial, du nombre de ronds-points. Leur présence est devenue si familière qu’elle en paraît naturelle. Pourtant, une analyse comparative conduit à s’interroger sur la pertinence de cette politique d’aménagement, à l’heure où les finances publiques doivent être gérées avec une rigueur accrue.\n\nEn premier lieu, la comparaison internationale est éclairante. La France compte environ un rond-point pour 2 000 habitants, quand l’Espagne, le Royaume-Uni ou l’Allemagne en disposent de deux à trois fois moins. Le contraste est encore plus marqué avec des pays où la densité routière et la circulation sont pourtant comparables, comme les États-Unis ou le Canada. Cet écart ne se traduit pas par une meilleure performance en matière de sécurité routière. L’accidentologie n’est pas significativement plus faible en France qu’ailleurs ; certaines études montrent même que les bénéfices attendus en termes de réduction des accidents graves se sont estompés avec le temps, du fait de l’habitude des conducteurs et de l’évolution générale des comportements routiers.\n\nLa question centrale devient alors celle du rapport coût-bénéfice. Un rond-point représente un investissement initial important — conception, travaux, foncier — auquel s’ajoutent des coûts d’entretien annuels. Dans un contexte où chaque euro de dépense publique doit être pesé, la multiplication de ces aménagements peut apparaître comme une dépense de confort ou d’affichage plus que comme une priorité d’intérêt général. Les gains en fluidité de trafic ou en sécurité, réels dans certains cas particuliers, ne semblent pas justifier la généralisation quasi systématique de cette solution.\n\nDès lors, il est légitime de se demander si la France ne s’est pas engagée, au fil des décennies, dans une logique d’équipement routier automatique, peu questionnée, et difficile à infléchir. Le redressement des comptes publics impose pourtant de réévaluer les politiques d’investissement local. À l’heure où les besoins se font pressants dans d’autres secteurs — hôpitaux, écoles, transition énergétique —, faut-il continuer à consacrer des millions d’euros annuels à la construction de nouveaux giratoires ?\n\nCe rapport citoyen propose que la politique d’implantation des ronds-points soit réexaminée, et que la règle ne soit plus leur multiplication mais l’exception raisonnée. Mettre un terme à cette dynamique n’impliquerait pas de démanteler l’existant, mais d’instaurer un moratoire sur les nouveaux projets, sauf justification chiffrée et démontrée en matière de sécurité ou de fluidité. En somme, il ne s’agit pas de condamner le rond-point en tant que tel, mais de rompre avec une habitude coûteuse qui ne répond plus à l’exigence d’efficacité et de responsabilité budgétaire.