2024 - Aidez-nous à enrichir notre programme de travail
Vous pouvez participer au choix des sujets d’enquêtes.
Indemnités illégales au Conseil constitutionnel
- Corps de la contribution
- Selon une enquête de l’Observatoire de l’éthique publique, l'indemnité des membres du Conseil constitutionnel a été fixée par un simple courrier de Florence Parly, il y a 19 ans, ce qui soulève un sérieux problème de légalité. L’actuelle ministre des Armées était alors secrétaire d’Etat au Budget, au sein du gouvernement de Lionel Jospin. Mais que vient faire la ministre des Armées dans cette histoire ? En marge de son enquête sur l'indemnité des membres du Conseil constitutionnel, publiée ce vendredi et relayée par Le Monde, l’Observatoire de l’éthique publique (OEP) a exhumé une information pour le moins cocasse. Le travail du think tank a ainsi permis d’apprendre que le régime indemnitaire d’Alain Juppé et ses coreligionnaires avait été défini par une certaine... Florence Parly, il y a dix-neuf ans, en 2001. À seulement 38 ans, l’actuelle ministre des Armées venait tout juste d’être nommée secrétaire d’Etat au Budget, au sein du gouvernement Jospin. C’est par une simple lettre à l’ancien président du Conseil constitutionnel Yves Guéna, dont nous reproduisons un extrait ci-dessous, que Florence Parly avait mis fin à un privilège exorbitant des Sages. En effet, depuis 1960, ces derniers bénéficiaient d’un abattement fiscal de 50% sur leurs revenus. Dure en affaires, l’ex secrétaire d’Etat au Budget ? Pas tant que cela… En contrepartie de cette “normalisation fiscale”, elle avait accordé une augmentation de 57% aux membres du Conseil constitutionnel, dont la rémunération mensuelle brute avait brusquement bondi de 7000 à 11.000 euros. Vingt ans plus tard, les indemnités des Sages atteignent désormais 15.000 euros bruts mensuels environ, selon la déclaration d’intérêts de la garde des Sceaux Nicole Belloubet, ex-membre de l’institution. Un procédé illégal ? Le procédé employé par Florence Parly soulève d’importantes difficultés juridiques, mises en lumière par la note de l’Observatoire de l’éthique publique. Et pour cause, rappelle le think tank, “ni un secrétaire d’Etat, ni aucun membre du gouvernement, n’est compétent pour définir l’indemnité des membres du Conseil constitutionnel, en fixer le montant ou en créer une nouvelle”. Le complément de rémunération décrété par Florence Parly par une simple missive à son président de l’époque est donc dénué de base juridique. En réalité, seul le vote d’une nouvelle loi organique, modifiant l’ordonnance du 7 novembre 1958 qui définit la rémunération des Sages, aurait permis de rendre cette généreuse augmentation conforme au droit. “L’article 63 de la constitution dispose que seul le législateur organique est compétent en la matière. La décision prise par Florence Parly en 2001 est donc illégale”, souligne la constitutionnaliste de l’OEP, Elina Lemaire, interrogée par Capital. Alerté par les questions de parlementaires à ce sujet, le gouvernement a tenté de remédier à cette difficulté en faisant adopter une version consolidée de l’ordonnance de 1958 par l’Assemblée nationale, le 5 mars dernier. La nouvelle mouture prévoit que “le président et les autres membres du Conseil constitutionnel perçoivent une rémunération égale au traitement afférent respectivement aux deux premiers groupes supérieurs des emplois de l’Etat classés hors échelle, complétée par une indemnité de fonction dont le montant est fixé par arrêté du Premier ministre et du ministre chargé du Budget”. Ainsi rédigée, l’ordonnance n’est toujours pas satisfaisante, selon l’Observatoire de l’éthique publique. Arrêter de voler l'argent .
Signaler un contenu inapproprié
Ce contenu est-il inapproprié ?
Détails du commentaire
Vous ne voyez qu'un seul commentaire
Voir tous les commentaires
Lettre du 16 mars 2001 au pdt du Conseil constitutionnel, M. Yves Guéna:Monsieur le Président, J’ai l’honneur de vous faire savoir que, conformément à votre demande, la décision ministérielle du 11 janvier 1960 relative aux indemnités des membres du Conseil constitutionnel est abrogée. Cette abrogation, et la suppression de l’abattement forfaitaire de 50 % pour les frais professionnels qui en résulte, s’appliqueront aux revenus perçus à compter du 1er janvier 2001. Parallèlement, la rémunération du Président et des membres du Conseil constitutionnel, est, à compter de la même date, complétée d’une indemnité fixée par référence au régime indemnitaire des hauts fonctionnaires dont les emplois relèvent des catégories visées à l’article 6 de l’ordonnance du 7 novembre 1958 relative au Conseil constitutionnel. Le montant brut annuel de cette rémunération s’élèvera par conséquent à 954 017 francs pour les membres. Il évoluera conformément à la valeur du point d’indice de la fonction publiqu
Chargement des commentaires ...